Ferdinand Chabre est là, posé sur un banc qu’on appelle public.
Lundi matin. Il n’en revient pas.
Il avait pourtant défilé avec sa jolie pancarte Préavis de rêve.

Rentrant chez lui, pas peu fier,
il s’était dit que ç’avait été plus facile que prévu, finalement.
Content d‘avoir fait le job.
Sensation de s’être intégré un peu.

À de nombreuses reprises,
sans savoir comment cesser de l’être,
il s’était trouvé passif,
étranger le plus souvent, quand,
autour de lui,
il avait senti s’agiter les “gens”.

Et là, ce lundi matin,
il découvrait que ça n’avait servi à rien,
à pas grand chose, en tous cas.
Assis sur son banc qu’on appelle public,
il découvrait l’ampleur de son échec.
Une immense affiche, placardée sur la maison d’en face.
En noir et blanc. Mais surtout en noir.
C’était comme une fatigue face à Attila.

Sa pancarte n’avait pas suffi !
On le lui disait clairement :
il allait falloir, en plus, construire des digues.
Des digues !
Mais comment faire ?
Ferdinand Chabre n’avait jamais rien fait de tel !

Déçu, c’est sûr.
Impressionné, c’est évident.
Mais fier quand même.
Cette affiche qui l’apostrophait,
sur la façade de cette maison en ruines !
C’était un peu la preuve que son action avait porté, non ?
Moins qu’espéré, mais, bon,
cette affiche qui lui dictait en grand la suite,
c’était pas rien !

Construire des digues, quand même !
Pour nuire à la bêtise !

Ferdinand Chabre ne savait pas comment,
Ni s’il devait agir seul et masqué
ou si, quelque part, d’autres avec lui,
pourraient s’y atteler.
Ce serait mieux sans doute se disait-il.

Ne restaient que cinq jours avant le match retour.
Il trouverait.
Quittant son banc
– qu’on appelle public, vous l’ai-je dit ? –
il se murmura qu’il s’y engageait.

Cette affiche, tout de même !