Juillet première semaine.
Et nous voilà entrés dans l’été.
Les touristiques transhumances vont nous empêcher de penser.
C’est pour ça du reste qu’on s’y adonnera.
Nous irons pour quelque temps nous sédentariser “ailleurs”,
y déposer nos fatigues, nos certitudes et leurs laideurs.
On se dira que c’est bien ça, merde, les vacances d’été : “souffler”.
Et “souffler” signifiera, cette année encore, ne pas penser, oublier.
Alors on oubliera
le temps d’une plage ou deux ou trois,
de quelques bons repas arrosés,
“Ami, remplis mon verre, encore un et je vais, encore un et je va…”,
de quelques abandons qu’on n’ose pas chez soi,
alors on oubliera.
On oubliera les migrants à qui, il faut bien l’avouer, on ne pensait pas trop.
On oubliera les injustices et les mensonges.
On oubliera qu’on ne se révolte pas.
On oubliera qu’on n’est pas des rois.
On oubliera que certains petits rois,
une fois mangées nos voix, une fois trouvé leur trône,
ne nous considèrent pas.
On oubliera parce qu’on se dira
“Elle est pas belle, la vie ? Elle est pas belle, cette vie-là ?”
Oublier ?
Alors, voilà :
Remise à jour numéro 1
“Mais ils ne font guère mieux ceux d’aujourd’hui qui, avant de commettre leurs crimes les plus graves, les font toujours précéder de quelques jolis discours sur le bien public et le soulagement des malheureux.”
Ça date de 1549 (eh oui !)
C’est signé Étienne de La Boétie.
Ça ne vous fait penser à rien ?
Remise à jour numéro 2
Simone Veil.
Morte il y a trois jours.
Elle a bouleversé la vie des femmes (IVG) et donc celle des hommes.
Elle a bouleversé ce qu’on pensait de la vie, ce qu’on pensait des femmes.
Les hommes – pas tous ! – l’ont traitée de traînée, de salope.
Aujourd’hui tous sont là à l’encenser.
Remise à jour numéro 3
C’est pas les vacances pour tout le monde.
Lu dans Libé qui sert donc encore à quelque chose :
“120 femmes sont tuées chaque année par leur conjoint, leur mari ou leur ex. Derrière cette statistique, il y a des prénoms, des histoires, des vies. Cette litanie funéraire égrène les meurtres conjugaux depuis le 1er janvier 2017 : on en décompte déjà 50”
Suit une énumération des cas.
J’entame ici la reproduction fidèle des quelques premiers.
JANVIER
Elle s’appelait Doris. Elle avait 60 ans. Elle dormait quand son mari, âgé de 58 ans, l’a frappée à coups de batte de base-ball. L’autopsie a également révélé des marques de strangulation. Lui s’est ensuite suicidé en inhalant du gaz. Il était au chômage et n’était pas connu des services de police. Le procureur, pris d’un accès de romantisme, a déclaré : «Il a laissé des écrits expliquant qu’il la soupçonnait d’infidélité sans que l’on sache si ces faits sont avérés. Apparemment cet homme était toujours fou de sa femme après 33 ans de mariage et il n’a pas supporté.» Aubenas, Ardèche.
Elle s’appelait Sandrine. Elle avait «la quarantaine». Elle avait deux enfants. Elle était orthophoniste. Son corps a été retrouvé dans son pavillon. L’été dernier, elle avait quitté Franck, son conjoint, avec qui elle vivait à Londres. Elle était venue s’installer dans l’agglomération bordelaise. Franck vivait très mal cette séparation. Il avait 45 ans. Ancien élève de HEC, il travaillait depuis dix ans dans la finance à Londres. Franck a été mis en examen pour le meurtre de son épouse, il a reconnu les faits. Incarcéré en détention préventive, il s’est pendu. Talence, Gironde.
Elle s’appelait Valérie. Elle avait 39 ans. Elle avait deux enfants, âgés de 20 et 8 ans. Le soir du meurtre, ce dernier était chez son père. Valérie s’est disputée avec l’homme qu’elle fréquentait depuis six mois, Moulay, 32 ans. La dispute aurait tourné autour du passé judiciaire de Moulay. Il avait été condamné pour viol en 2011 et était sorti de prison en février 2016. Il l’a frappée. Elle a eu une orbite et la mâchoire cassées. Puis il lui a donné 13 coups de couteau au niveau du thorax et du cou. Après s’être confié à des proches, il s’est rendu de lui-même au commissariat. Besançon, Doubs.
Elle s’appelait Catherine. Elle avait 40 ans. Elle travaillait dans une boulangerie. Elle était mère de deux adolescents. Elle venait de quitter son mari, leur père. Ils étaient en instance de divorce. Lui avait 53 ans. Elle a été retrouvée morte dans sa voiture, garée devant sa maison, abattue par arme à feu. Son ex-mari a été retrouvé mort dans la maison, il se serait suicidé avec la même arme. Crouzet, Gard.
Elle s’appelait Sandra. Elle avait 39 ans. A 11h30, elle allait chercher son fils à la sortie de l’école élémentaire pour le déjeuner. Elle arrivait en voiture sur le parking quand une autre voiture lui a délibérément foncé dessus et l’a emboutie. Le conducteur est ensuite sorti de sa voiture et s’est dirigé vers Sandra. Il l’a poignardée à plusieurs reprises devant les portes de l’école. Des témoins ont tenté d’intervenir en vain. L’agresseur, âgé de 37 ans, était son compagnon. Il semblerait que le couple était sur le point de se séparer. Avon, Seine-et-Marne.
Elle s’appelait Monique. Elle avait 63 ans. Elle venait de se pacser avec son compagnon, 60 ans. Il l’a étranglée et s’est ensuite présenté chez le médecin. Il a été mis en examen. Saint-Beauzire, Puy-de-Dôme.
Elle s’appelait Micheline. Elle avait 53 ans. Elle était assistante maternelle. Son mari, Sylvère, 72 ans, la soupçonnait d’avoir un amant. Il a abattu l’amant potentiel, puis Micheline d’un coup de fusil de chasse avant de retourner l’arme contre lui. Le Moule, Guadeloupe.
Je continuerai cette sordide énumération, mois par mois, au cours des semaines à venir.
Les textes sont de Titiou Lecoq on les retrouve ici.
La violence faite aux femmes, un sujet abordé à quelques reprises déjà dans notre TamTam :
À bientôt ?
Roulée dans la boue, depuis le décès de Simone Veil, je vois sur YouTube des insultes à son encontre sur le projet de loi qu’elle a réussit à faire voter à l’AN par une majorité d’hommes, concernant l’IVG.
Il ne faut pas oublier, pour les femmes, que la décision d’interrompre une grossesse, se traduit par de la souffrance psychique, physique entrainant bien souvent une culpabilité tellement effroyable qu’elles sont aujourd’hui accompagnées par des travailleurs sociaux et médicales afin de les accompagner dans cet épisode TRAGIQUE de leur VIE.
Bien souvent abandonné par le géniteur, où voulant « à l’abrit de tout jugement malveillants » affronter seule cette intervention chirurgicale, le Tabou sur l’IVG reste encore au XXIème siècle, un sujet qui enflamme les plus réfractaires.
La question est pourquoi ce n’est pas un homme qui aurait eu la conscience de réfléchir, dans la loi, sur ce problème de grossesse non voulue, « accidentel », criminel (viole) conjoncturel, et sociétal ?
En 1967, une loi présentée par le Député, Lucien Neuwirth, est adoptée pour la LEGALISATION DE LA CONTRACEPTION ORALE, il faudra attendre 1974 pour que la contraception soit libéralisée et remboursée par la Sécurité Sociale.
Dans certaine famille, le sujet sur la sexualité féminine n’est pas abordée par les mères, défiances, peurs, pas les mots pour en parler, pudeur, religion…etc, ce qui fait augmenter aujourd’hui encore un taux important chez les jeunes filles mineurs ayant recours à l’IVG.
Je m’adresse à tous ces réfractaires, souvent confortés par des idéologies religieuses, d’arrêter de cracher sur ces hommes et ces femmes qui ont réfléchit et combattu tant de haines, du côté des femmes (et oui!) et des hommes qui se positionnent en tant que JUGES DE CRIMINELLES.
QUE SIMONE VEIL REPOSE EN PAIX,