On enrage à tour de bras chaque jour, ou c’est tout comme,
– les nuits, on tente de se reposer de ces tourments-là –
contre l’insupportable résilience des laideurs.
On n’est jamais très loin d’en vouloir à la terre entière
de ces inhumanités qu’elle génère
pour unique réponse
aux détresses,
aux solitudes,
aux harassements
dont nous parlent à satiété les journaux
papier, parlés, télévisés.

Et puis, non quand même, un soir, on ouvre Libé et on lit ça :

“ Béatrice Huret, veuve d’un agent de la police des frontières dans la Calaisis, est tombée amoureuse d’un migrant iranien, Mokhtar, qu’elle a aidé à passer en Grande-Bretagne sur un bateau acheté 1 000 euros sur Le Bon Coin. Elle lui rend régulièrement visite à Sheffield, où il a obtenu un titre de séjour. Elle passe bientôt en procès et risque dix ans de prison pour cette action guidée par l’amour. Si l’on en croit l’AFP, Béatrice Huret est une ancienne sympathisante du Front national. Il arrive que les réalités humaines l’emportent sur les préjugés. Réconfortant, surtout si la justice est à son tour gagnée par l’humanité.”

Alors,
on se dit que certains mots sont bleus, on l’avait oublié.
Cette nuit on dormira un peu mieux.
Demain, il faudra recommencer à se révolter,
mais là…

À bientôt ?