Juillet. Fin de saison.

Entendu à cette occasion, sur France Musique cette Chronique de Xavier Delaporte (Rue 89).
Je vous la retranscris ici.

Sans commentaire.

Cette année,
nous en avons fini avec une certaine idée de l’Europe car, même si la Grèce ne sort pas de l’Euro (on le saura bientôt), il en est bien terminé d’une Europe qui grandit toujours et se renforce. Il est désormais envisageable d’en sortir. Et pas simplement pour des raisons politiques – tout au moins directement politiques – on peut en sortir pour des raisons économiques. L’Europe n’est pas un lieu de solidarité à tout prix.
Cette année, on a appris qu’il était possible de sortir de l’Europe donc, et qu’il était dangereux d’essayer d’y entrer quand on y est pas invité.
Cette année, plus que jamais auparavant, nous avons vu des gens mourir en mer, des hommes, des femmes, des enfants, parce qu’ils préféraient ce risque à celui de mourir sous les balles, des bombes ou sous la torture.
Cette année, pour la première fois, les migrants qui fuyaient les guerres furent plus nombreux que ceux qui fuyaient la misère.

Cette année,
les rémunérations des patrons du Cac 40 ont encore augmenté, comme le chômage.

Cette année,
le Front National est devenu le troisième parti de France.

Cette année,
nous avons fait un peu mieux connaissance avec l’État Islamique.

Cette année,
nous avons vu des hommes se faire décapiter en Irak, en Syrie, en Algérie, au Yemen et même dans l’Isère. Nous avons vu des hommes et des femmes se faire exécuter, 150 étudiants mourir un matin, dans leur université, au Kénya. Nous avons vu des gens tirer à la Kalachnikov dans Paris.
Cette année, nous avons vu mourir des dessinateurs qui, si on n’était pas toujours d’accord avec eux, ne méritaient certainement pas ça.

Cette année,
nous avons vu aux États-unis des Noirs innocents mourir sous les balles de la police, et de fous.

Cette année,
un pilote d’avion dépressif s’est tué en emportant 150 personnes avec lui.

Cette année,
a été acté que nous vivions la sixième extinction animale depuis la création du monde – et sans doute aussi irréversible que furent les précédentes, à commencer par celle des dinosaures – mais cette fois-ci, c’est notre faute à nous, les hommes.

Cette année,
nous avons battu des records de température depuis l’enregistrement de ces mesures à la fin du dix-neuvième siècle.

Cette année,
si on en croit les spécialistes, on s’est rapprochés encore un peu plus du point ou on ne peut plus revenir en arrière.


Et pourtant.


Et pourtant, cette année,
nous avons dansé au son d’une musique électronique plus vivante que jamais en France.

Cette année,
nous avons vu la victoire de Podemos en Espagne. Des femmes, des militants, des jeunes, une autre manière de faire de la politique.

Cette année,
partout dans le monde des gens ont manifesté pour des causes belles et parfois dangereuses, à Hong-Kong, aux États-unis, en Turquie, en Grèce, au Mexique.

Cette année,
on a lu de beaux livres,
et on a eu la confirmations qu’on tenait en Virginie Despentes le Balzac de notre époque.

Cette année,
la Fifa a montré qu’elle était une institution pourrie, on le savait un peu,
mais on a vu sur les terrains un foot absolument merveilleux.

Cette année,
l’Europe s’est émue d’une petite machine qui a traversé l’espace en moins de 10 ans pour se poser sur une comète; on s’en fout mais c’était beau.

Cette année,
nous avons vu de beaux films, mais surtout des séries merveilleuses, et on s’est dit qu’on avait de la chance de vivre une époque qui a vu l’éclosion d’un genre artistique aussi jouissif que la série.

Cette année,
des gens se sont aimés, des gens on eu des enfants.

Cette année,
nous avons senti un matin une odeur de lilas qui nous a fait sourire.

Cette année,
nous avons mangé une pâtisserie qui avait un goût nouveau et extraordinaire.

Bref, cette année, a été une année comme les autres,
on a longé la corniche, au bord du gouffre, mais en esquissant des pas de danse.

Sans commentaire, disais-je. À chacun d’y réfléchir.

Belle journée et belles vacances à tous !

Rendez-vous fin du mois d’août pour un vrai nouveau départ !