Lundi.
08 mars.

Vingt-quatre heures au cours desquelles on fera tout pour faire croire que la société patriarcale
n’est plus ce qu’elle était; qu’aujourd’hui les femmes ont les mêmes droits que les hommes.
La preuve : la Journée internationale des droits des femmes a été créée pour les “honorer”,
pour fêter leurs victoires et leurs acquis.
Comme si une journée par an pouvait changer les choses.
On ferait tous les ans 365 “Journée Internationale des droits de femmes » que ça ne signifierait toujours rien !
Tant que les mentalités n’auront pas changé.
Mais ça…
Effacer deux millénaires, ça ne se fait pas en deux coups de cuiller à pot.

Voilà pour aujourd’hui.

On continue ?
On continue.
Suite de notre récit anonyme (4/11)



LA MÉCANIQUE DES LETTRES
un homme de lettres anonyme.

4.

Les abeilles butinent et la ruche bourdonne. Il faut ramasser, vite tout ramasser, et tout ranger dans les alvéoles. Ramasser le courrier du TG, le classer dans les cases de sa tournée. Chaque abeille fait son miel à sa vitesse, mais le bourdonnement est incessant, les vannes fusent, les discussions s’enchaînent. On bourdonne beaucoup à La Poste, et ça change d’autres boulots que j’ai pu faire où on ne discutait pas, pas du tout. La discussion fait partie du boulot de ces abeilles bleues et jaunes, discussion avec les collègues de bureau, discussion avec les usagers dans la rue. Le facteur, on lui cause, c’est comme ça. Ses petites vieilles l’attendent pour lui parler. S’il n’était pas là, parleraient-elles encore à quelqu’un ?

C’est un fait : à La Poste on bourdonne beaucoup, et on est là pour ça. On bourdonne avec le chef pour qu’il répare le vélo crevé, on bourdonne avec les collègues autour de la machine à café. On bourdonne pour rendre du courrier mal trié. On bourdonne au collègue qui a son casier juste en face de notre nez. On bourdonne parce qu’il fait froid. Ou trop chaud. On bourdonne encore pour demander des explications sur les réformes bureaucratiques incompréhensibles. On bourdonne parce qu’il y a toujours des problèmes et des imprévus. On bourdonne parce qu’on est ensemble.

Mes excuses aux muets, mais pour moi le métier de facteur est un métier de paroles autant que de gestes. Que seraient les abeilles sans leur bourdonnement ?



À demain ?