Mais que signifie encore un mot quand la réalité qu’il est censé recouvrir est dévoyée ? 

Que reste-t-il d’une conviction quand, 
telle un drapeau sans plus de couleurs, 
elle est agitée à tout instant pour nous y faire croire,
alors même que ceux qui l’agitent n’y croient qu’à peine, 
ou le plus souvent, ne font mine d’y croire
que par amer mercantilisme ? 

On doute, on a de quoi douter, on découvre à son corps défendant qu’on se méfie.

Il y a aussi ces mots qui ne coutent pas cher à prononcer
et dont on croit qu’ils nous appartiennent soudain.
Dont on sait, en tous cas,
qu’ils sont la combinaison gagnante d’un cynique Jackpot.

La protection de la planète est devenue,
au rythme des appétits des hommes et femmes de marketing,
l’obligatoire tarte à la crème de toute communication
l’argument de vente qui fait bingo.
C’est que la chose
– les financiers ne s’y sont pas trompés –
met en appétit les consommateurs,
trop contents d’être déculpabilisés
à une époque où ce fameux respect de la planète
leur est asséné,
à juste titre mais à des fins douteuses,
lors du moindre petit achat…

On nous vend aujourd’hui de l’irrespect de la planète certifié bio
avec comme suprême plus produit (comme disent les publicitaires)
… le respect de la planète.
On fait venir par avion, de Chine, d’Amérique du Sud, de Nouvelle Zélande,
au prix d’une délirante pollution,
des produits prétendument bio et respectueux de la planète !
Empaquetés plastique, bien évidemment.
On croit rêver alors qu’on cauchemarde.

Il y a, dans ce cynisme financier, une morgue (dans tous les sens du mot !)
qui ramène l’homme à son mensonge,
à son incapacité à sortir du champ de ses habitudes.
Tant et si bien, que la solution plébiscitée pour réagir à la destruction (oui !) de notre planète,
n’est rien d’autre que de consommer autrement.
Pas de consommer moins.

L’idée d’une dé-croissance n’effleure pas l’esprit de l’homo de moins en moins sapiens.

Consommons, consommons.
Les grandes enseignes (j’y reviens)
nous assurent qu’elles respectent l’environnement
(ce qui est loin d’être démontré),
nous voilà donc vertueux !

Mais que signifie encore un mot
quand la réalité qu’il est censé recouvrir est dévoyée,
disais-je en ouverture de ce billet.

Pas sûr que le blé auquel s’intéressent les grandes chaines de l’agro-alimentaire
soit celui auquel on pense quand on se promène dans les champs.
Ou quand le pain n’a pas le goût amer de l’appauvrissement des terres.

Respect de la planète ?
On respecte les morts, c’est vrai.