C’est dimanche aujourd’hui.
Mozart. Concerto 23 pour piano. Maurizio Pollini. Karl Bohm.
Ça fait un bien fou. Le mouvement lent surtout. Joué si lentement.

Douche.
Bruit de la douche qui interdit que Mozart encore

Silence perturbé.
Puis.

Cette réflexion après avoir entendu les ‘flash infos” à la radio :

Ce (ou cette) Covid fait transpirer de nous tout notre égocentrisme.
Tout arrimés que nous sommes aux seules infos qui directement nous concernent
(et qui ne sont le plus souvent que de ternes statistiques à partager autour de la machine à café),
nous acceptons sans renâcler l’idée que le monde, là où son cœur bat encore,
n’est que celui, ne peut être que celui, dans lequel,
géographiquement, socialement, culturellement,
nous vivons.

Les Migrants ?
On n’en parle soudain (depuis un an quand même) quasiment plus !
Ils faisaient la une de tous les journaux !
Ils ont disparu ?
À votre avis ?
Non !
Comment font-ils face à cette supplémentaire détresse qu’est cette pandémie ?

Comment peut-on continuer à les aider ?
Ça arracherait la gueule des “rédactions” de nous en parler ?
Pas vendeur ? Non, pas vendeur.
Mais surtout “Hors préoccupations”.
C’est dire.

La journée commence mal.
Même si Mozart…

On continue malgré tout ?
On continue.
La suite de notre récit anonyme (3/11)



LA MÉCANIQUE DES LETTRES
un homme de lettres anonyme.

3.

La Poste, un service public qui marche bien. Le courrier arrive à temps, des fois les colis se perdent (mais pas souvent), les timbres sont à un prix raisonnable, le facteur passe tous les jours, en général il connaît les gens, on peut discuter, etc. Mais… Mais. Il y a deux ans, en Une du journal : « La Poste remplacera un départ à la retraite sur trois. Dans les prochaines années, il y aura 4000 embauches pour 12000 départs à la retraite. » L’époque est aux privatisations : couper en morceaux les entreprises publiques et vendre les parties bénéficiaires au secteur privé. Au prix souvent, d’une dégradation de la qualité de service et de nombreux drames humains.

Octobre 2010, le gouvernement annonce le changement de statut de La Poste : de service public, elle devient une entreprise à capital majoritairement détenu par l’État. Postiers, militants de gauche, maires de petites communes, syndicalistes, tout le monde se mobilise pour organiser un référendum symbolique pour protester contre cette étape de la privatisation. Un an avant déjà, il y a eu un mouvement de grève national. Mal préparé par les syndicats, les postiers ne l’ont guère suivi. Dans mon bureau on était dégoûtés : ça avait bien pris dans le département. Dans le bureau, même les CDD étaient en grève, au grand dam de nos chefs (« Quand même, c’est pas pour ça qu’on les a embauchés, tu comprends. »), on était prêts à continuer, mais au niveau national ça n’avait pas suivi, alors après quelques jours, même les acharnés ont repris le boulot, la tête basse, sachant que la bataille était perdue.

C’est pourtant une belle connerie que de laisser se privatiser cette belle institution (et je ne suis pas enclin à dire du bien de beaucoup d’institutions).


À demain ?