Bon, c’est Volp.
Encore une fois.

Il grimpe comme s’il courait,
on fait ça parfois,
les escaliers.
Jusqu’au troisième.

En tous cas il est épuisé,
et il crie,
sans savoir s’il ira se moucher dans les étoiles,
Amsterdam !

C’est pas rien.
Je vous laisse imaginer.

C’est donné à tout le monde de crier
Amsterdam !
Mais personne ne le fait.
Les étoiles, tout ça…

On pourrait pourtant.
Ça ne serait pas mal de crier comme ça, 
tous ensemble,
ou à des moments différents,
Chacun pour soi ou l’un pour l’autre.
Amsterdam !

Le bonheur de ne rien dire 
et de crier pourtant.

Amsterdam !

Ouf. 

On est déjà fatigué quand on a écrit ça.
Alors ?

Volp,
au-dessus des marches,
mais pas tout à fait encore,
se demande.

Il a beau penser, réfléchir, pire : écrire,
ses mots s’enrouent, se font glaireux.
Plus de chair,
que des os qui ratent leurs tangos.
Si vides qu’il suffirait d’un cheveu pour qu’ils s’y pendent.

Pas d’Amsterdam, pas le moindre.
Et les étoiles, furieusement, manquent.

Et puis, trop de poussières trainent
qui les empêchent de vivre,
les mots,
dans des syntaxes qui par ailleurs s’épuisent.

Comment faire se demandent-ils, 
alors que déjà ils ne pèsent rien,
pour trouver un peu de légèreté ?

C’est dans la bidoche même du cerveau,
dans la cervelle qui veut se souvenir,
en même temps que dans la barbaque de l’âme,
qu’ils devraient aller chercher.

Dans un carnet, à la date de maintenant :

Mes mots sont ce qu’ils sont,
ils se rêvent audacieux, courageux même,
volontiers ils se révoltent,
mais ne nettoient rien,
n’envisagent rien,
n’éclairent rien des phrases
qu’ils sont censés fabriquer
pour dire les trois fois rien
pour lesquels je les ai convoqués.

Ne reste dès lors après leur passage
que ce qui les précédait,
augmenté d’un peu de colère
en même temps que de leur poussière.
Ou alors l’imagination d’un enfant généreux,
et qui saurait écrire
abrité sous un parapluie.
Et qui, dès lors, n’en aurait nul besoin.

Comme une définition de la vacuité.
Comme un doigt pointé sur le
“parler pour ne rien dire”.

C’est toujours bon à prendre
disent volontiers les sots.

Amsterdam !

Et c’est en criant Amsterdam ! que Volp s’endort.

Et il retrouve dans ses rêves un peu de jazz
et d’Amsterdam.


À bientôt ?