Une question chaque jour pour tenter de comprendre,
puisque essayer de comprendre, 

c’est d’abord se poser des questions…


Jour 3 de l’après, donc.

On se promène donc.
Un peu, beaucoup, à la folie,…
On se surprend à ne regarder rien,
rien d’autre que les autres
qui ne regardent rien d’autre que nous.

C’est que la promenade est sous haute surveillance.
Mais de qui ?
De chacun d’entre nous.
Chacun surveillant tout le monde,
pénible évocation de temps qu’on croyait révolus.

Comme par vengeance, le ciel s’est mis à pleuvoir.
Et nous voilà gris,
avec en guise d’élégance,
ce qu’il faut de tissu pour cacher les sourires,
pour tuer les baisers,
pour ternir les voix.

C’est une des victoires du pouvoir
sur des citoyens toujours plus férus de servitude,
pourvu qu’elle les mette à l’abri.
Nous ne sommes pas très courageux.
Mais à l’abri de quoi, de qui ?
D’un ennemi désigné.
Par qui ?

Il ne s’agit pas ici d’adhérer aux sombres résolutions
des complotistes de tous acabits.

Il s’agit, se promenant,
de constater les comportements
de qui nous sommes devenus masqués.

Regards qui ne regardent plus rien,
ou alors, si souvent, leurs pieds,
– parce qu’on est étrangement voûtés quand on est masqués –
ou alors le masque des autres;
allures de soumission effarouchée
qui ne demandent, comme chez les rats de Laborit,
qu’à se déchainer en agressivité;
et puis, d’usante obéissance surtout.

Mais par-dessus tout,
usure (déjà !), tristesse (encore), résignation (toujours et à venir…)

Et on se pose la question
– la voilà enfin ! –
de ce “nouveau monde” que, depuis trois ans, on nous promet
et qui, soudain,
en dépit de tous les portraits qu’on tentait de s’en faire,
trouverait en une épidémique allégorie
son illustration la plus fidèle.
Comme un monstre, quand on nous annonçait un ange,
un nuage de cendres chargé d’occulter
le soleil à quelques-uns réservé ?

Un monde du chacun pour soi.

Et Jupiter, tremblant, qui pense à nous. Tellement.

On se promène donc.
Un peu, beaucoup, à la folie,…
On se surprend à ne regarder rien,
rien d’autre que les autres
qui ne regardent rien d’autre que nous.

On redoute, parce que c’est possible, le “re-confinement”.
Double peine.

Un second coup de matraque, se dit-on, jamais n’abolira le hasard…


À demain ?


Mais aussi (surtout) un regard sur ceci
alimenterait poétiquement (mais pas seulement) l’âme de ce billet.
C’est à mon amie Gaëlle que je dois de pouvoir vous proposer
ces créations-réflexions-rébellions-là.
Merci à elle !