Il y a eu, ces dernières semaines, cette espèce d’espoir.

Il se disait que quelque chose serait, au sortir de cette sanitaire crise,
un peu moins pourri.
Il se disait que l’homme, les gouvernements, les systèmes
prendraient conscience
que l’homme ne pourrait plus grandir avec ces gouvernements-là,
avec ces systèmes-là.
Et, peu ou prou, on en arrivait à se dire
qu’il y aurait un mieux après le désastre
(qui, en tous cas, nous fut présenté comme tel…)

Du moins l’espérait-on.

Les annonces présidentielles, ministérielles, gouvernementales semblaient évoquer,
au travers d’aveux certes un peu masqués,
qu’il nous faudrait à l’avenir “reconsidérer”
l’importance de l’humain dans notre si belle société,
lui redonner une place qu’il avait perdue,
ou, plus exactement,
qu’une organisation sociétale basée exclusivement sur la finance,
lui avait déniée…

On tiendrait compte,
était-il clamé, dans un mea culpa déguisé en prise de conscience,
du fait que « tout ne saurait être soumis aux lois de la finance« .
C’était une erreur, nous était-il dit, de penser que le service public
pouvait se gérer, comme une entreprise,
qu’il se devait, lui aussi, d’être soumis aux lois de la rentabilité.

Bien !
On pouvait donc espérer qu’un peu de bien surgirait de tant de mal.
On a tellement envie de croire à ces choses-là.

Mais d’où vient, à deux jours du déconfinement, que cet espoir nous semble
de plus en plus un leurre ?
Peut-être les circonstances, inconnues jusqu’alors de chacun d’entre nous
– je veux parler
de notre assignation à résidence,
de cette liberté surveillée à laquelle nous avons dû nous soumettre –
nous avaient-elles brouillé un peu l’esprit et, partant, notre sens critique.
Tout était si nouveau.
Une nouvelle solidarité semblait soudain unir un certain nombre d’entre nous.
Mais surtout, l’ennemi que nous devions affronter était, croyions-nous,
le même pour tous.
Nous en voulions pour preuve que son nom était sur toutes les lèvres,
des nantis comme des plus pauvres,
des intellectuels comme des plombiers zingueurs,
des blancs bourgeois comme des rappeurs,…
et il rejetait en seconde zone, pour cause d’urgence, les injustices et le mépris
d’un gouvernement qu’une frange d’entre nous combattait jusque-là.

Préoccupés par notre santé,
nous avions besoin de croire en des lendemains plus vertueux,
et c’était rassurant d’y croire.
En fait, pris de peur, nous ne faisions que baisser la garde.
Un ennemi chassait l’autre. Tout simplement.
Ou l’occultait momentanément.

Mais le temps confiné s’est fait long.
Et lentement nous avons repris nos esprits.
Nous avons changé de grille de lecture.

Et nous avons, en plus du virus,
retrouvé l’initial ennemi, les glaçants marionettistes qui nous gouvernent,
repris conscience de l’autoritarisme
d’un pouvoir qui, s’il prenait volontiers un visage plus humain,
le faisait pour cacher toujours la même grimace,
celle des experts financiers, des cyniques, des méprisants,
des « au-dessus des lois”,
des menteurs professionnels…

Il va falloir rester vigilants,
Ne pas accepter que les privations de liberté se retrouvent gravées
dans le marbre d’une Constitution à notre insu détricotée.
Vaste programme. Obligatoire cependant.

J’en reste là, pour aujourd’hui.

Mais je relaie ici cette vidéo.
Elle complète – et de quelle manière ! – l’âme de mon propos.



À bientôt !