Sagesse ou brutalité ?
L’alternative est proposée comme si elle était une évidence à laquelle on puisse sincèrement se référer.

Qu’en est-il de la brutalité se prétendant sagesse ?
Qu’en est-il de cette brutalité quand
elle ne se vit plus que comme une incontournable manière de penser,
et donc de gouverner ?

Quand la pensée oublie de penser, existe-t-elle ?
Et celui qui ainsi croit penser a-t-il quelque légitimité à prétendre “nous guider” ?

Le pouvoir, aujourd’hui est un Amphitryon qui tour à tour veut séduire et mater.
C’est le fameux “en même temps” qui est le « badge »
de celui qui n’arrive pas à se décider,
mais qui sait comment nous enfumer…

Pour séduire il a sa frêle et faux-derche séduction.
Il ne se contente pas de sa puissance,
il se veut à la fois Dom Juan et Sganarelle. On ne sait jamais…
Il se prétend moderne et ne répète
– parce qu’il se répète un peu plus que souvent –
qu’un médiéval discours fait de supériorités et de clivages.

C’est sa langue qui, parlant bien mais toujours oblique, le révèle.
Et ça donne ces glissements sémantiques
qui font dire à une chose ce qu’elle ne voulait signifier.
Ne pouvait. Mais qu’importe.
Et ça donne ces manipulations vulgaires des valeurs auxquelles
on fait mine de croire (mais pas trop si on y pense).
Et ça donne ce langage muet et sous-entendu,
une langue de bois qui se persuade qu’elle est drôle.

Et, suivant une logique de banalisation chargée de plaire à tous,
un militant des Droits de l’homme devient,
dans cette langue faite de dérision et de mépris,
et de “je sais de quoi de parle”,
et de “ne vous laissez pas avoir”,
un « droit-de-l’hommiste” !
(On a emprunté – est-ce vraiment un hasard ? – à Jean-Marie LePen cette dénomination…)
Substantivisation” méprisante destinée, on le devine,
à dénigrer l’importance des “valeurs” auxquelles on a,
une fois au pouvoir, renoncé.

Et, comme par un effet de dominos,
s’en sont suivies les relativités amenant au cynisme,
d’abord langagier, mais ça ne saurait suffire, de cette dérision affichée :
Les convaincus des droits de l’homme ?
Des droits-de-l’hommistes.
Mépris.
Les inquiets du tiers-monde ?
Des tiers-mondistes.
Mépris.
Les convaincus que la terre est plate .
Des terreplatistes (!)
Mépris.

Croit-on vraiment qu’en humiliant, qu’en abaissant,
on rassemble ?
Le but, sans doute n’est-il pas celui-là.

Sans doute donne-t-il ceci :

Belle découverte à vous !

À bientôt