Il y a cette manière que nous avons tous de vouloir à la fois plus d’informations et moins.
On nous gave, on nous soûle ponctuellement de tel ou tel drame, entend-on dire, mais après ? On ne sait pas ce que tout ça devient après, entend-on encore et encore et encore.

Peut-être, tout simplement, « après » nous appartient-il ? Soit en y réfléchissant, soit en partant à la recherche de nouvelles informations sur le sujet dont nous nous sentons écarté, soit en nous engageant.

On ne peut pas refuser le biberon et, concomitamment, en espérer qu’il nous nourrisse !

Calais, ça devient quoi ? aime-t-on à s’interroger (aussi parce que, soudain, on nous en parle moins et qu’on a longtemps espéré qu’on ne nous en parle plus…)

Calais, ça devient ça :

Calais, ça devient ce que c’était. La Jungle. Et que nous ne sommes pas arrivés à adoucir.

Une vaste détresse nourrie par cette formule toute faite : “On ne peut pas accueillir toute la misère du monde.”

Mais qui parle de misère ? Il s’agit de femmes, d’hommes, d’enfants ! C’est-à-dire de richesses, merde !

On se souvient du premier homme, de la première femme, du premier enfant ?
C’était une misère ?
C’était une aube toujours, une aubaine parfois, une chance souvent, un espoir encore plus souvent, une histoire d’amour, une félicité quand il s’agissait d’un enfant. À chaque fois, c’était un avenir qui nous disait que les nuages n’avaient qu’à bien se tenir. On parlait de se serrer, mais aussi de se serrer les coudes. Quitte à se serrer la ceinture.

Mais là, on est où, là ?